SYLVAIN JOUTY
Année : 2003
Édition : 1ère
Domaine : Littérature
Thématique : Nouvelles & Novellas
1949 : Naissance à Paris.
Années cinquante: Ma première expérience littéraire : alors que mon crayon est usé, je n’ose pas réclamer à la maitresse de quoi le tailler.
Années soixante : Découverte de la montagne. Je fréquente intensément les rochers de Fontainebleau. Études au lycée Rodin (Paris). Je ne travaille, comme remarquera un proviseur perspicace, « que dans les matières qui ont eu l’heur [me] plaire ». J’obtiens le bac en septembre 68, un bon cru.
1968-1970 : Très vagues études à Vincennes et aux Langues O (chinois). Aucun souvenir, sinon comment écrire l’idéogramme « je». Grandes ascensions et premières dans les Alpes et ailleurs. Une entorse opportune m’empêche de m’engager dans l’ennuyeuse carrière de guide de haute montagne.
1971 : Je me gèle un orteil lors de la première ascension hivernale de la face nord du col du Plan. Gelure mal soignée, gangrène. Durant plus d’un an.j’attendrai la chute du bout de chair morte, noire et dure, peu lu vivant par un sillon traité chaque jour au permanganate pour éviter l’infection. Un jour, l’os est visible, la partie morte tombe en tirant dessus. Je n’écris guère mais je dessine beaucoup. Curieusement (ou pas) ces dessins labyrinthiques ressemblent à certains de mes livres. Formation de correcteur aux éditions peu séparée Atlas.
1972 : Engagement comme correcteur à l’imprimerie Georges Lang. Je démissionne au bout de quelques mois et devient correcteur d’édition (pigiste). Je commence aussi à travailler pour l’adaptation d’une encyclopédie hebdomadaire (éditions Atlas).
1974 : J’achète une 4L (1000 F), je passe mon permis et, deux jours après l’avoir obtenu, je pars en Afghanistan pour une expédition d’alpinisme dans l’Hindou Kouch. 8000 km jusqu’à Kaboul. Ascensions de sommets de 6000-6500 m identifiés par des numéros sur une carte polonaise (W 45, etc.).
1975-76 : Voyages au Groenland. Dépose en hélicoptère dans le fjord Lindenow, première ascension des trois sommets de l’Apostolens Tommelfinger, retour en canot pneumatique et à pied en se nourrissant d’airelles, de champignons, de moules, et de poisson. J’échappe de peu à la noyade et vois pour la première fois une aurore boréale.
1978: Je suis contacté pour écrire des articles dans une nouvelle revue : Alpinisme et Randonnée. J’en deviens vite salarié sans vraiment l’avoir désiré.
1980 : Je me mets à écrire des nouvelles, peut-être pour m’affranchir de la théorique étouffante des grands espaces: ne parvenant pas à écrire de « vraies » histoires, avec des personnages identifiables et des situations crédibles. Je trouve d’autre solution que d’en inventer d’aussi fausses que possible.
1981 : Je publie Bleau, la forêt de Fontainebleau et ses rochers (Acla) histoire culturelle d’un site qui me tient à coeur. J’achète un chalet isolé dans la forêt ni eau, ni électricité) avec vue sur le massif des Trois Pignons.
1983 : Je deviens rédacteur en chef suite à la mort en montagne du précédent. Rencontre de ma compagne, Brigitte. Les nouvelles se transforment lentement en roman. Nombreux Voyages et reportages sur tout ce qui peut se grimper ou se parcourir à ski.
1988 : En janvier, publication de La région massétérine (Denoël) ; en février, naissance de Valère. A ma grande surprise, les deux événements passent totalement inaperçus.
1990 : Après sept ans d’expansion, les ventes de la revue commencent à baisser. Le patron se plaint de perdre de l’argent. En même temps j’apprends qu’il est devenu une des grandes fortunes de France, allez comprendre.
1994 : Directeur de la collection « Retour à la montagne » chez Hoëbeke. Je suis heureux et fier d’y avoir publié notamment Maurice Chappaz (La Haute Route) et Mark Twain pour ses hilarants Voyages en télescope.
1995 : Après bien des aventures éditoriales, un recueil de nouvelles, La visite au tombeau de mes ancêtres, est le premier titre d’une maison d’édition qui, par son nom même, ne craint pas d’afficher ses hautes ambitions commerciales : Titanic. Je participe aux recueils collectifs du groupe Nouvelle Fiction qui m’a accueilli « Queen Kong » dans Dernières nouvelles de King Kong, Zulma.
1995 : La momie d’âme dans Demain, les momies !, Le Rocher, 1996.
1996 : Parution de l’histoire de l’alpinisme (Arthaud), mise à jour d’un texte de Roger Frison-Roche datant de 1965.
1997 : La visite au tombeau de mes ancêtres obtient le prix de la nouvelle de la Société des gens de lettres. Les marchés sont fatigués paraissent chez Stock.
1998 : Licenciement, Assedic. ANPE. Stage multimédia : j’apprends à réaliser sites web et cédéroms et je gagne un beau diplôme de« concepteur-réalisateur « on line/off line» (le premier depuis le Bac). J’en profite pour me faire un site web bien à moi, ce qui m’évite, dans les diners en ville, d’avoir à répondre à l’ennuyeuse question « c’est quoi, ce que vous écrivez? ».
Je profite du chômage pour écrire un peu plus et je découvre, avec étonnement,que tous les projets d’écriture finissent par aboutir.
1999 : Je deviens pigiste dans une société de presse électronique, FTPress. Travaille pour Cyberécoles (nouvelles technologies et éducation) et Correspond@nces (actualité épistolaire et culturelle). Parution de l’Odeur de l’altitude (Fayard). Parution du Dictionnaire de la montagne, commandé par Arthaud. J’entre au Comité de la Société des gens de lettres.
2000 : La bulle internet se dégonfle. Re-chômage. Je travaille pour une société éditant des cédéroms. Parution de Montagne, les grandes premières (une commande de Sélection du Reader’s Digest). Parution de Voyages aux pays évanouis (Fayard). Prix Renaissance de la nouvelle.
2001 : Parution de Queen Kong (Fayard). Parution de Le monde de Gaston Rébuffat (Libris), en collaboration avec Françoise Rébuffat. Je commence à écrire des « Grands Récits» pour le Pèlerin. D’autres collaborations presse sont, malheureusement, plus erratiques.
2003 : Parution du Roman du Cervin (Fayard). Engagé par Glénat pour diriger, dix-huit mois durant, une encyclopédie.
Bilan : Six kilos et quelques années de trop. Je n’arrive pas plus à faire partir les kilos que les années. Il y a longtemps que je ne passe plus les rochers bellifontains qui faisaient ma fierté à vingt ans, longtemps aussi que je suis incapable de faire une traction d’un bras. Cela dit, un des rares avantages de la littérature, c’est que si à trente ans on est un vieux sportif, à cinquante on est un jeune écrivain (sans blague, la Fnac m’a catalogué récemment comme un jeune auteur talentueux…)
Perspectives d’avenir : Sombres. La mort est inévitable et se rapproche, cela dit, le fait d’avoir connu beaucoup de gens morts trop tôt en montagne me permet d’apprécier ma chance d’être encore là, les perspectives professionnelles ne sont pas gaies, question séduction je m’éloigne toujours plus de l’idéal, quant à l’écriture on n’y a guère de succès matériel.
« C’est la coutume, chez nous, de porter secours aux voyageurs. Sans notre aide, ils ne survivraient pas vingt-quatre heures. Notre pays est rude et sauvage ; nul étranger ne saurait seul s’y protéger des nuits glaciales et des tempêtes qui surviennent, sans prévenir d’autres qui nous par des indices d’ailleurs infimes, encore moins y trouver pitance et découvrir le bon chemin. »
(Le vent noir)
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